Comment accompagner un proche vivant un deuil

Nous avons presque tous vécu un -ou plusieurs – deuil douloureux. Comme le dit Philippe Ariès dans « Essais sur l’histoire de la mort en Occident », bien qu’auparavant la mort était acceptée comme une fatalité et relativement bien vécue, à l’époque actuelle, nous avons tendance à « cacher » la mort, oublier qu’il s’agit d’un processus naturel et mettre un voile sur notre douleur. Nous avons oublié comment réagir face à cette épreuve.

Certains s’obligeront à faire « bonne figure », d’autres se laisseront envahir par leur chagrin. Pourtant un fait ressort lorsque nous discutons de ces douloureuses expériences passées : nous savons à quel point la présence des autres était importante dans ces moments-là. Nous savons également que c’est une période durant laquelle toute personne normalement constituée peut se sentir « déphasée » et agir d’une manière nous semblant étrange à souhait. Pour comprendre cet état, replongeons-nous dans « L’Etranger » de Camus, roman d’un homme tout à fait incapable de situer temporellement le décès de sa propre mère tant il est perdu.

Il y a donc une manière bien spécifique de réagir face à l’être endeuillé.

 

Tout d’abord comment réagir de manière positive ?

 

  • N’hésitez pas à compatir et à être disponible pour la personne endeuillée. Ne l’évitez surtout pas par gêne ou par pudeur. La tenir à l’écart ne l’aidera pas à se reconstruire.
  • Ecoutez réellement ce que la personne vous dit, ça ne sert à rien de faire semblant, vous risqueriez de la brusquer encore plus. Laissez-la parler de la personne décédée, exprimer ses émotions et pleurer si elle en ressent le besoin. Et ce, même si elle se contredit, se répète, …
  • Parlez également de la personne décédée et de votre ressenti si vous la connaissiez. Ne faites pas comme si l’évoquer était un tabou.
  • Si nécessaire, proposez de faire quelque chose de concret. N’hésitez pas à inviter la personne en deuil à diner. Les personnes endeuillées sont souvent dépassées par les événements et vous l’aiderez en la débarrassant des tâches du quotidien devenues lourdes.
  • Si vous connaissez les autres membres de la famille, soutenez-les également. Les enfants sont souvent les « grands oubliés » du drame car on pense à tort qu’ils ne comprennent pas la situation.
  • Si la personne que vous souhaitez aider se reproche des choses, rassurez-la. Elle doit savoir qu’elle a fait tout son possible.

 

A contrario, plusieurs comportements sont à proscrire :

 

  • La personne a besoin de vous, n’agissez pas d’une manière fataliste, passive ou impuissante.
  • Ne changez pas de sujet lorsque la personne parle du défunt. C’est effectivement dur et triste mais c’est sa douleur, pas la vôtre.
  • A moins d’avoir vécu vous-même la même situation, ne dites pas à la personne que vous la comprenez. Vous pourriez faire face à une réaction agressive. Et dans tous les cas une situation n’est pas une autre.
  • Ne jugez ni les réactions -même absurdes- de la personne ni sa manière d’exprimer ses sentiments. Si vous voyez qu’elle s’égare dans sa douleur, faites-lui comprendre en douceur et avec tact qu’elle risque de regretter son comportement plus tard s’il vous parait aberrant (exemple : les gens qui refusent de faire une cérémonie d’enterrement et d’accompagner le défunt à cause de la douleur), mais faites cela en restant positif et sans coercition ni jugement.
  • La mort est la mort, aucune conjecture, hypothèse ou raison ne sera objectivable pour la personne endeuillée. N’évoquez donc pas de raisons ou d’explications farfelues au sujet du décès , gardez vos théories pour vous. La personne n’a pas besoin de douleur ou regrets supplémentaire. Or trouver des explications à l’inexplicable en cause souvent.
  • La période sera difficile, n’obligez pas la personne endeuillée à sortir, boire ou faire la fête si elle ne le souhaite pas. Les sentiments venant de l’intérieur, ce n’est en rien le fait de se trouver ailleurs qui lui fera oublier ce qu’elle vit.
  • La période d’un décès est souvent synonyme de problèmes administratifs : testaments, comptes bloqués, choix funéraires, etc. Peu importe ce qu’il se passe et que vous ne cautionniez pas la façon dont les événements sont gérés, ne dites rien, si ce n’est que vous êtes là pour aider en cas de besoin. N’ajoutez pas de sentiment de culpabilité à la personne en deuil.
  • Il est absolument inutile de demander inlassablement et répétitivement à chaque heure du jour et de la nuit à la personne comment elle va. Soyez disponible mais pas accaparant.

 

Le temps passe, la personne aimée et décédée n’est jamais oubliée, mais la morsure si vive du chagrin se calme. Un jour, l’endeuillé pourra à nouveau rire et trouver la vie belle. Vous l’aurez alors accompagné dans ce chemin difficile mais si beau vers l’apaisement retrouvé.

 

Pour aller plus loin:

Voici un témoignage du site « Mieux traverser le deuil » que nous avons trouvé parlant.

Témoignage

Merci pour votre implication

Nous vous remercions d’aider vos proches à surmonter ces épreuves.

Rédaction: Anne-Céline Thomaes